Discours à l'Union de la Défense pour la santé mentale

Discours à l'Union de la Défense pour la santé mentale

"Je fus invitée à la 7è journée de réflexion de l'Union de la Défense pour la santé mentale, le jeudi 26 novembre à Vincennes, en tant que conseillère départementale en charge de la Santé et présidente de la Conférence de territoire de santé. Le thème de cette journée était "Maillon faible ou chaînon manquant, l'articulation entre sanitaire et médico-social". Je suis intervenue en introduction de cette journée, en montrant les actions du Département en faveur de cette articulation."



Monsieur le président de l’Union pour la Défense de la Santé mentale,
Monsieur le délégué territorial de l’agence régional de Santé,
Monsieur de la maire de Vincennes,
Mesdames, Messieurs,

Je tiens tout d’abord à vous remercier de l’invitation à la 7ème journée de réflexion de votre association que vous avez faite au président du Conseil départemental, Monsieur Christian Favier, que je représente aujourd’hui, en tant que conseillère départementale déléguée à la santé.

Le Département est attaché au partenariat avec l’UDSM, association avec qui nous avons des relations, notamment au sein de la Conférence de territoire de santé, que je préside depuis peu. C’est grâce à des partenariats avec les professionnels, les acteurs de terrain, les associations que l’action publique se révèle souvent la plus efficace, car la mieux à même prendre en compte les problématiques locales.

La santé n’est pas une compétence obligatoire du Département, néanmoins celui-ci est depuis longtemps engagé à favoriser la santé des Val-de-Marnais, conscient à la fois des inégalités d’accès aux soins que peut rencontrer la population, et des potentialités exceptionnelles qu’offre notre territoire en matière de santé publique, grâce à ses nombreux établissements de soins.

Ainsi, nos compétences en matière de prise en charge médico-sociale vont au-delà de nos obligations légales, que ce soit pour la protection maternelle et infantile, l’attention accordée aux personnes âgées et handicapées, ou pour l’action sociale. La délégation à la santé qui m’a été confiée à l’occasion des dernières élections, souligne d’ailleurs l’attention que portent les élus du Département à ce sujet primordial pour nos concitoyens.

L’intitulé de cette journée de réflexion est « Maillon faible ou chaînon manquant ? L’articulation entre sanitaire et médico-social ». C’est un enjeu d’une grande importance pour améliorer le bien-être des populations, pour la prise en charge des patients et des publics vulnérables, en particulier dans le domaine de la santé mentale, puisque c’est l’objet de notre réunion. Monsieur le docteur Martin, je vous remercie de me donner la parole sur cette question.

Les années 1970 ont marqué la rupture entre le sanitaire et le médico-social. Les deux secteurs n’ont cessé par la suite de se spécialiser et d’évoluer parallèlement, mais sans coordination. Ainsi, les directions administratives, les politiques publiques, les formations et les métiers se sont éloignés.

Cette disjonction a créé une complexité dans la prise en charge, administrative, des incompréhensions de la part des patients, des familles et des aidants, et une difficulté des personnels soignants et des personnels du travail social, pris au sens large, à coordonner leurs actions.

Une inflexion majeure a eu lieu depuis le début des années 2000 avec un souci de l’Etat et des collectivités territoriales de mettre fin à cette séparation. Cependant, chacun des acteurs estime que nous avons encore beaucoup de travail à accomplir – cette journée de réflexion le témoigne.

Ainsi, comme le rappelait Eric Véchard, directeur de la délégation territoriale de l’ARS, l’Etat via l’ARS travaille au rapprochement du sanitaire et du médico-social dans ses schémas et ses politiques.

De même, le Conseil départemental du Val-de-Marne tient tout particulièrement à favoriser les interactions entre sanitaire et médico-social, avant tout pour le bien-être des personnes et dans un souci de prise en charge adaptée aux situations individuelles.

En 2005, la loi a reconnu le handicap psychique. Le Département a directement intégré ce volet dans son action publique. Ce fut donc un premier pas vers la coordination entre sanitaire et médico-social. Dorénavant, le Département a intégré cette problématique au sein de trois axes structurants de son action publique : le parcours de vie sans rupture, le soutien à la réintégration dans la vie de la cité des personnes handicapées, et l’aide aux aidants. Nous mettons concrètement en œuvre l’articulation entre sanitaire et médico-social. Ainsi, nous avons un des plus forts taux de création de Service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) et de Services d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (SAMSAH) d’Ile-de-France. Par ailleurs, un grand nombre d’entre eux sont spécialisés dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap psychique. Dans le cadre de notre axe parcours de vie sans rupture, nous sommes attachés à la coordination des acteurs de ces secteurs, par exemple avec les équipes mobiles psychiatrie et précarité (EMPP).

De même, dans le domaine de la Protection maternelle et infantile (PMI), nous avons des psychologues qui dépistent les troubles éventuels des enfants, et qui les réorientent si besoin vers les Centres médico-psychologiques (CMP) et les Centres d’action médico-sociale précoce (CAMSP). Dans nos Espaces départementaux de Solidarités (EDS), qui regroupent des services de PMI, de l’action sociale (DASO) et de la Protection de l’enfance et de la jeunesse (DPEJ), nos services, en particulier nos médecins, travaillent ensemble, et avec les partenaires locaux pour trouver les meilleures réponses.

En effet, la direction de l’action sociale (DASO) réalise un travail de coordination remarquable. Au plus du terrain, elle coordonne la réorientation des personnes en situation de handicap vers les services appropriées, la MDPH, les SAVS et les SAMSAH. Au sein des EDS, elle sensibilise à la fois les services départementaux du médico-social, mais aussi les partenaires traditionnels du Département comme les CMP et les communes, aux évolutions législatives et aux enjeux des troubles psychiques. Elle noue des partenariats avec les autorités judiciaires en matière de signalement et de protection, et travaille avec les hôpitaux, notamment avec l’équipe mobile de psychiatrie de l’hôpital des Murets.

Alors, je vous le concède, tout n’est pas parfait, et nous devons sans cesse réinterroger notre action et nos pratiques. C’est vrai, nous regrettons une fongibilité des budgets du sanitaire vers le médico-social trop faible au regard des besoins croissants et de notre politique volontariste en faveur de la réintégration à la vie dans la cité des personnes en situation de handicap. Certes, nous faisons face à des délais relativement longs de réponse et de prise en charge au sein des MDPH, des CMP et des CAMSP.

Mais ces difficultés ne doivent pas obérer notre objectif commun, à tous: améliorer la prise en charge des patients et des publics vulnérables. A cet égard, le sanitaire et le médico-social sont les deux faces d’une même et une seule pièce.

Je me réjouis donc de la tenue de cette journée, vous souhaite des échanges fructueux et espère y recueillir des idées neuves à même d’enrichir la propre réflexion du Département sur le sujet.

Je vous remercie.