Fête des moissons - Table ronde sur l’histoire agricole

Table ronde sur l’histoire agricole 

Dimanche 28 août 2016, à l'occasion de la Fête des Moissons, je suis intervenue à l'espace conférence poour introduite une table ronde sur l'histoire agricole du Val-de-Marne et ses influences aujourd'hui, notamment en termes d'agriculture urbaine, dans le cadre des Rencontres de l'agriculture. Pour en savoir plus : Cartographie de l'agriculture urbaine

 

Mesdames, Messieurs,

Bienvenue à l’espace conférence de la Fête des moissons, qui se déroule comme chaque année en ce  dernier week-end d’août.

Tout d’abord, je voudrais remercier  le service accueil et animation dans les parcs du Département, ainsi que l’ensemble des associations qui y participe et contribue ainsi à en faire le succès.

Je veux saluer la présence à mes côtés de Mme De Comarmond, vice présidente en charge entre autre des espaces verts.

J’interviens ici au titre de la délégation de l’agriculture urbaine et périurbaine que m’a confiée le Président Favier, marquant ainsi la volonté d’inscrire encore plus visiblement l’action départementale dans ce domaine, dans ce département qui est, parmi les départements franciliens de la petite couronne, celui ayant le plus de terres agricoles.

En effet, l’agriculture existe en Val-de-Marne, sous toutes ses formes. 15 communes du département disposent de surfaces agricoles, de 1000 hectares en tout, ce qui représente  4% du territoire val-de-marnais. Les  53 exploitations agricoles sont partagées entre les maraîchers (les plus nombreux), et les horticulteurs, et les céréaliers.

Les parcelles maraîchères sont situées en majorité sur le plateau Briard. Tandis que de nombreux pépiniéristes œuvrent au nom des collectivités (le Département, la Ville de Paris), des producteurs de plantes et de fleurs coupées qui approvisionnent notamment le MIN de Rungis. Enfin, les grandes cultures, à la frontière de l’Essonne et de la Seine-et-Marne occupent 80% des surfaces agricole du département.

Nous avons aussi des fermes en Val-de-Marne. Je pense à la ferme pédagogique du Saut du Loup à Chevilly-Larue et à la Ferme traditionnelle de Mandres-les-Roses, deux structures de l’économie sociale et solidaire, soutenues à ce titre par le Département. Ces fermes, qui sont réellement productrices – j’y ai bu du vin val-de-marnais ! -  développent des activités agricoles vectrices de lien social, de pédagogie, et d’emploi.

Je pourrais aussi vous parler de l’agriculture maraîchère et céréalière dans les espaces du Département, ici au Parc des Lilas, ou à Chennevières à la plaine des Bordes, que nous développons et soutenons fortement.  Il s’agit des projets d’agriculture responsable, souvent biologique, favorisant la production et la consommation locale.

Enfin, se développe depuis quelques années un autre secteur. Il est ancien déjà, puisqu’il est l’héritier des jardins ouvriers qui virent le jour dès le XIXè siècle en France. L’objectif n’a pas changé : apporter un complément alimentaire aux travailleurs. On en voit dans nos parcs et dans nos villes, lorsque nous nous promenons.

L’agriculture en Val-de-Marne est diverse professionnelle autant qu’ associative et elle est pourvoyeuse d’emplois. C’est ce qui fait sa force et son originalité. Les parcelles sont au coin de la rue et dans les parcs, à côté de chez vous. Mais elles jouxtent aussi nos bois, et s’étendent dans de grands champs.

Nos intervenants, fins connaisseurs du sujet en retraceront l’histoire, dans toutes ses facettes. Pour l’heure, je les remercie d’avoir accepter notre invitation. Cette connaissance historique nous permettra d’en connaître mieux les évolutions et surtout de pouvoir ensemble accompagner les défis sans précédents que doit relever notre société afin de poursuivre l’histoire agricole.

Je vous parle de défis : ils sont nombreux tant les mutations de notre société modifient notre quotidien. Mais je voudrai en partager 3 avec vous :

En premier lieu, je veux marquer le défi de la transformation urbaine du monde. Plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine. Plus de 80% des Français résident en ville. L’inexorable expansion urbaine accompagne ce mouvement : 78.000 hectares ont été urbanisés chaque année entre 2006 et 2010 en France. Depuis les années 70, 26% de la surface agricole du Val-de-Marne a ainsi été supprimée. La dimension métropolitaine de Paris et sa banlieue risque d’aggraver ce phénomène. Aussi, les premiers objectifs que nous avons au travers de notre politique départementale, est de préserver les terres agricoles et de jeter des passerelles entre le monde rural et le monde urbain soulignant par la connaissance des uns et des autres qu’ensemble, nous faisons société.

Le deuxième défi  est d’accompagner la transformation écologique de notre agriculture. En effet, l’agriculture pèse 24 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’Energie estime qu’il est possible de réduire de 20% les émissions agricoles de gaz à effet de serre grâce aux pratiques agro-écologiques et à l’extension de l’agriculture biologique. Promouvoir une agriculture respectueuse de la terre et des hommes, alliant circuits courts et productions locales est un objectif poursuivi par notre département et nombre de ses partenaires.

Au lendemain de la COP 21, à  laquelle le Département a activement participé,  Mme Toubiana venue à Créteil pour l’ouverture des JSE a insisté sur le rôle de chacun pour tenir les engagements et a souligné le rôle essentiel des collectivités dans l’impulsion des dynamiques. Le département agit en ce sens dans les politiques qu’il développe. Aujourd’hui, il s’agit d’amplifier ces actions, d’accélérer ce mouvement.

Le troisième défi en découle donc tout naturellement : Comment participer à l’organisation de  l’agriculture urbaine ? Comment nourrir une population toujours plus nombreuse, toujours plus urbaine, en préservant la qualité de vie, la sécurité sanitaire, l'environnement et la biodiversité ? L’agriculture représente déjà 5,9% du total des terres cultivées dans le monde. Dans le monde, 40% de terres cultivables dans le monde sont situées dans un rayon de 20 km des villes. La ville avance, la ville s’étale… Les parcelles agricoles en pleine ville peuvent être une réponse,  si tenté que nous tenions bons face à la spéculation immobilière.  Je crois que ce parc des Lilas en est une belle démonstration ! Par ailleurs, le développement de l’agriculture urbaine peut aussi rimer avec qualité de vie en contribuant à  rendre l’air plus respirable et baisser la température. En effet, les plantes améliorent la qualité de l’air en filtrant les particules, en produisant de l’oxygène, et en absorbant le CO2.

Des exemples dans d’autres contrées, montrent que ce volet de l’agriculture a une  place certaine :  Ainsi, à Kinshasa, 60 % des fruits et légumes proviennent de l'agriculture urbaine. En Afrique subsaharienne, 40% des ménages urbains conduisent des activités agricoles en ville. Plus de 70 % des légumes frais consommés à La Havane proviennent de micro-fermes. En Russie, le jardin de la datcha est une institution et les légumes cultivés sont de précieux compléments alimentaires. A Berlin, New York, Detroit poussent des fermes verticales. A Montréal, 42% des habitants pratiquent l'agriculture urbaine.

Les détracteurs de l’agriculture urbaine, la classent, un peu rapidement je pense, comme un phénomène de mode, pour les bobos. C’est passer un peu rapidement sur ce que nous a appris l’histoire : les anciens ouvriers de Détroit, ville de 700 000 habitants dévastée par la crise économique, cultivent fruits et légumes dans les 1600 jardins communautaires et fermes urbaines. Aujourd’hui, à Montreuil, l'Association des maliennes de Montreuil, ont créé un jardin de 1000 m² sur la dalle Hannah Arendt couvrant le magasin Décathlon. Organiser l’agriculture urbaine, c’est une véritable politique sociale.

Nos concitoyens l’ont bien compris. « Produire, consommer local et bio » est un mot d’ordre qui se diffuse petit à petit. L’envie de cultiver s’imprègne chez les urbains que nous sommes. On ne compte plus les petits potagers sur les toits, sur les friches, parfois sur les balcons d’appartements, ou sur les toits d’immeuble. De plus en plus, petits et grands veulent cultiver leurs tomates, leurs poireaux, leur pommes de terre, leurs concombres.

Que devons-nous faire ? Regarder le train du changement passer devant nos yeux ? Ou Comme New-York, comme Montréal, comme Paris, comme de nombreuses autres collectivités en France et dans le monde participer et faire participer les citoyens à la réflexion de comment et pour qui organiser la filière. L’exercice participatif fait partie de l’ADN de notre département : ensemble menons cette réflexion : l’aménagement urbain, circuits de distribution et de consommation, les conditions de production ?

Pensons les moyens de protéger les terres agricoles de l’urbanisation. Il s’agit de se donner une vision commune et un programme d’actions.

Chacun, cultivateur professionnel, associatif, ou en insertion,  consommateur, acteurs publics, Amaps, et autres associations, pourra donner son avis dans le cadre d’une grande concertation. Ces « Les Rencontres de l’agriculture » nous permettrons, ensemble de mieux vivre en Val de Marne.

La table ronde, qui retracera l’histoire de l’agriculture en Val-de-Marne en est un premier jalon.

Je vous souhaite donc  un bon débat.

Je vous remercie.

 Pour en savoir plus : Cartographie de l'agriculture urbaine